2) Le rôle des médias : reflets et vecteurs des stéréotypes
A) Que font les médias des stéréotypes de la beauté ?
La presse, et par extension tous les
médias, sont considérés comme le 4ème pouvoir, tant leur impact sur la
société est puissant : ils peuvent parfois même servir de
contre-pouvoir face aux trois pouvoirs qui incarnent l'État.
De plus, à partir des années
60, les médias de masses se
sont développés, et ont renforcé les stéréotypes de la beauté en les
utilisant à toutes les sauces. Autrefois, des médias comme la
télévision, internet ou les magazines n’existaient pas. Les stéréotypes
de la beauté figuraient sur les tableaux des peintres ; or, l’art
n’était
pas accessible à tout le monde, seules les classes sociales élevées en
profitaient. Maintenant, les médias sont partout et visibles par tous,
rendant ces stéréotypes encore plus puissants.
Sans compter qu’avec la
société de consommation, notion
introduite par Jean Baudrillard, dès les années 70 les publicités ont
proliféré.
Cette puissance nous impose
un modèle de femme auquel on ne
correspond pas, et nous fournit les produits nécessaires pour atteindre
ce modèle suprême : le marché propose ses "solutions" à tous ces
manques d'estime de soi, et ces manques sont en partie générés par la
pub.
L'enjeu pour les
publicitaires est de mettre en
échec les
femmes réelles. L'un des exemples les plus
flagrants est le choix d'un
modèle de mannequin anorexique, idéal manufacturé que les
femmes
réelles ne peuvent pas atteindre alors que notre société est celle de
la consommation. Paradoxalement, les stéréotypes de
la femme maigre se
sont développés en même temps que la société de
consommation.
La pub a créé des
femmes en série, que nous
pouvons appeler
des stéréotypes : la blonde, la rousse, l'intello à
lunettes opposée à
la midinette... La femme est un objet, et comme le stipule
le
politologue Paul Ariès, les images qui la représentent ne sont « pas
seulement caricaturales ou fausses, elles sont
idéologiques ».
La publicité viole l'intimité et opère une
réduction de
l'être au paraître et une réduction du corps qui devient le
simple
accessoire du produit. Notons que le corps des femmes est présent sur
90% des photos (5).
Un exemple
percutant, celui d' une pub
pour les
galeries
Lafayette représentant la femme objet par excellence. Une
femme vêtue
d'une robe très moulante, avec le dos cambré, suggestif, complètement
réduite en un sous-être. Effectivement, sa tête est remplacée par un
abat-jour rouge, couleur relative à la passion, passion sexuelle
peut-être... Et sort de son postérieur un fil électrique qui pourrait
faire référence à la « femme allumeuse ». C'est ce genre d'images qu'on
peut trouver aussi bien dans les publicités que dans des video-clips ou
des jeux télévisés (comme la roue de la fortune) qui
nous influence jour après jour et qui alimente et renforce les
stéréotypes réducteurs de la femme.
De plus, dans les
jeux de voitures, s'il y a une
femme, elle
ne sert qu'à lancer le top départ à ses congénères masculins
qui
peuvent se rincer l'œil au passage, car ces femmes sont
toujours ce que
l'on peut appeler des canons, stéréotypes qui viennent
s'immiscer dans
l'esprit des joueurs.
Nous rajouterons
que les images auxquelles nous
sommes
chaque jour confrontés nous uniformisent, tuant
l'individualité par une
poussée à l'individualisme. Cette uniformité est dictée par
le biais
d'images très normatives et contraignantes. Ces images
prétendent donc
"dire" la "vérité" et pousser les gens à s'y conformer. La «
vérité
médiatique » donne l'impression que quelqu’un qui
s’entretient
physiquement a plus de caractère que quelqu’un qui a des
formes.
L' image auxquelles les
femmes doivent aujourd'hui se
conformer est celle des mannequins. Mais même les mannequins doivent se
soumettre à de durs régimes alimentaires et parfois subir des
opérations de chirurgie esthétique pour être conformes au stéréotype
qu'elles véhiculent.
(cf interview)
(5) MFPF, CRAES-CRIPS., Images et représentations de la sexualité dans les médias : Quelles attitudes éducatives? , Lyon : CRAES-CRIPS, 2006, 55pages.
(5) MFPF, CRAES-CRIPS., Images et représentations de la sexualité dans les médias : Quelles attitudes éducatives? , Lyon : CRAES-CRIPS, 2006, 55pages.