3) La société génère et subit ses propres stéréotypes

C) Les conséquences

Les instruments pour l’amincissement se font de plus en plus nombreux : régimes adaptés et astuces personnalisées dans les magazines ou sur internet... il y en a pour tous, on n'a aucune excuse pour ne pas les suivre, seule la volonté ou les principes peuvent jouer le contrepoids.crème éclaircissante

    A la Renaissance, des pratiques d’embellissement existaient déjà, promettant d’avoir le teint uni. Puis au XIXème siècle apparaissent les bains garantissant une taille plus retenue. Ces promesses étaient souvent fausses, et c’est encore le cas aujourd’hui pour nombre de ces procédés. En effet, en Inde ou même en France et ailleurs, les femmes à la peau foncée se mettent à utiliser des crèmes éclaircissantes qui ne remplissent pas leur rôle : les malheureuses peuvent se retrouver pelées avec la chair à nu.

    Aujourd'hui on peut enlever mécaniquement ou biochimiquement la cellulite ou la graisse, des dizaines de procédés existent : cellusonic, celluponction, cellu M6, liposuccion, lipotomie, liposculpture, lipodissolution… Il y a toujours les mêmes promesses pour tout le monde au bout des régimes et des pratiques d'embellissement. Mais d'un échec pourra naître de la culpabilité, de la crispation et du dénigrement personnel. Tout tourne aujourd’hui autour de l'amincissement et de la jeunesse, qui se sont démocratisées.

Pourtant les chiffres parlent d'eux-mêmes :
  • 77% des femmes considèrent le régime comme difficile.
  • 35% des femmes considèrent le régime comme très difficile (³). 
Maintes pilules ont été mises en vente pour améliorer l'apparence des moins chanceux. Parfois efficaces, elles ont quand même des effets secondaires non négligeables. Pourtant, elles connaissent un franc succès. Malgré les inconvénients, le désir de beauté l'emporte.

Exemple avec la pilule Alli :
    Mise en vente libre en mai 2009, la pilule Alli est destinée aux personnes obèses. En empêchant les enzymes naturels de l'organisme de détruire les matières grasses, Alli va permettre la digestion directe, sans stockage de graisse indésirable.
    Seulement voilà, nombreux sont les inconvénients qui s'ensuivent. Tout d'abord, elle n'a pas d'effet sur la graisse déjà accumulée. Ensuite, des problèmes comme la diarrhée, les "fuites" etc. sont constatés.
    Plus superficiellement, en empêchant la graisse d'être stockée, on ne bénéficie plus des bons apports de cette dernière. Ce qui se fait ressentir sur les cheveux, les ongles et par une baisse du bon cholestérol.
    De plus, des effets indésirables plus graves ont été relatés. D'après une étude de L’Institut National du Cancer américain (National cancer Institute, NCI), Alli serait un précurseur du cancer du colon ! Puis d'après une étude de la FDA (Food Drugs and Administration) la pilule augmente le risque d'avoir un cancer du sein de 4 à 7 fois.
    Ce qui n'arrange rien au problème est le fait que la vente est libre certes, mais en plus, cette pilule au préalable destinée aux personnes obèses est distribuée de façon très légère.
  
     Bien d'autres pilules visant à nous rendre toujours plus beaux sont donc aussi néfastes que bénéfiques. Comme l'isotrétinoïne, pilule très forte et efficace contre les boutons, qui aurait comme effet secondaire grave de provoquer des dépressions entrainant des envies de suicide.

    Maintenant la question est : jusqu'au serions-nous capables d'aller pour essayer tant bien que mal, de s'approcher de ces stéréotypes ?
   
    A 37 ans, une Afro-Américaine a voulu être mince, et c'est après avoir pris sa première pilule amincissante qu'elle est décédée (4).
 

    On peut diriger son corps au mieux de ses intérêts ou de son sentiment de l’esthétique ; le corps n'est plus un destin, il est modifiable. On s’inspire d’autres corps qu’on a vus ailleurs (dans les médias par exemple), donc tout corps en contient d’autres. On peut donc modifier volontairement son corps par souci de distinction du groupe social ou plus simplement d’esthétisme ; la plupart des pratiques de modifications corporelles visant la beauté ne suscitent pas de réactions négatives : le maquillage par exemple, ou le fait de se coiffer, ou même de s’habiller. Le corps n’est exposé que s’il est travaillé.
  
    Socialement, on admet de modifier son apparence pour s’accepter dans son corps, ou pour pouvoir en tirer quelque bénéfice.

    Cependant les médecins qui "réparent" les personnes qui veulent modifier leur apparence et qui ne souffrent pas de handicap important ne sont là que pour s'assurer de l'adéquation aux stéréotypes de la beauté, donc on préfèrera appeler la chirurgie esthétique « chirurgie de mise en conformité » (³). C'est pourquoi les changements que subit notre corps à cause des aléas et du cycle de la vie peuvent être contrôlés, si ce n'est corrigés par des interventions extérieures, justifiées par l'imaginaire social qui édicte les lois de la norme corporelle. Si on modifie volontairement son apparence, c'est donc pour ne pas être rejeté du groupe, qui nous le rendra bien en exprimant son admiration, son respect, ou tout simplement en nous acceptant. Néanmoins, les personnes qui ont recours à la chirurgie plastique sont souvent stigmatisées et sont sans doute source de jalousie, créant un nouveau groupe social.

bec de lièvre
    La question du handicap physique est autre chose. Réparer le handicap ou accepter la  différence ? Pour ressembler à l'idéal esthétique, dans un but de "réparation", on fait de la  chirurgie pour que les handicapés qui sont stigmatisés soient acceptés dans la société et  donc éviter le rejet, l'exclusion.
    Contre cette chirurgie réparatrice se dressent plusieurs lobbies, qui réclament le droit à la  différence. Faut-il réparer et faire disparaître l'anomalie ou pas, le débat est ouvert. Réparer  les handicaps grâce aux nouvelles technologies pour que tout le monde soit identique et que  personne ne soit marginalisé ? Ou bien laisser la place à la différence et à une autre forme  d'égalité ? La question laisse à réfléchir, bien qu’en voyant la puissance des stéréotypes  aujourd’hui, il paraisse difficile d’envisager cette possibilité.

    Toujours est-il que dans d'autres sociétés, celle des esquimaux par exemple, les  handicapés moteurs sont considérés comme des mages ayant des pouvoirs magiques.

« La seule chose qu’on ne peut embellir sans qu’elle en périsse, c’est la vérité »
disait Jean Rostand...


(³) DARMON M. et DETREZ C. « Problèmes politiques et sociaux : Corps et société » n°907 décembre 2004
(4) JONCKEAU E., Le boulet du canon de la beauté, « 360 degrés Journal d'initiative lycéenne » 2008-2009