2) Le rôle des médias : reflets et vecteurs des stéréotypes

B) Exemple avec le « porno déguisé »

image équivoque     Dans les images publicitaires, le corps de la femme est omniprésent, vêtu du  plus simple appareil, sorti de tout contexte et souvent exposé partiellement. La zone  la plus prisée est la bouche, zone érogène très évocatrice, parfois associée à des  objets ou à des phrases tout aussi évocateurs. Mais le corps est parfois exploité  dans son entier, et il se doit d'être parfait. Ces femmes doivent être belles, elles ne  font qu’attendre, et sont en extase, ouvertes, offertes, lascives. La femme est  associée à un érotisme trop suggestif en tant qu'objet sexuel dans ces photos qui  agacent. On parle de « porno déguisé ».
     L'apparente parité hommes/femmes que nous connaissons se heurte aujourd'hui  « à la tyrannie de l'apparence et au devoir permanent de plaire à tous et à tous prix.  « Femme objet, femme sujet ? ». Le débat est ouvert, bien qu'il semble que la loi du marché l'emporte.

Dans le langage courant, l'expression « porno-chic » s'emploie en général pour parler de photos de mode dégageant un érotisme indéniable et parfois vulgaire. En 2005 par exemple, American Apparel commence même à utiliser de vraies actrices X pour sa promotion de lingerie. On voit donc bien là que certaines photos de mode sont réellement à caractère pornographique.
    Cependant, Paul Ariès dénonce cette expression : « le porno-chic n'existe pas ». Avec des exemples assez crus, il nous dit qu'il n'y a rien de « chic » à exhiber une femme dans une position animale et vêtue d'une courte robe moulante et chaussée de bottes à talons. Ce sont ces images que nous voyons tous les joursattache-moi au détour d'une page de pub ou de magazine. Le porno est déguisé. C'est comme s'il suffisait d'apposer le nom d'une grande marque sur une photo dévalorisant la femme et la montrant dans la vulgarité la plus ostensible, pour que cette photo devienne une photo d'art, pour « transformer l'ignoble en objet d'art » comme le dit Paul Ariès. Avec de tels clichés, les publicitaires veulent nous faire penser qu'avec l'argent, tout devient possible, acceptable, beau. Or ce n'est encore une fois qu'une technique de communication et de vente de leur part. Ils mêlent dans leurs publicités élans positifs (amour et tendresse) et négatifs (haine et violences). Ce mélange bouleverse les différentes parties de notre personnalité, et nous sommes confus entre le choix de nos valeurs ou de nos impulsions, le but des publicitaires étant de susciter une envie, un plaisir qu'on ne peut pas assouvir, puisqu'il ne s'agit que d'images. A l'aide des stéréotypes de la beauté qu'ils poussent à l'extrême de leur vulgarité, les médias arrivent à nous imposer des images hideuses que nous cautionnons sans nous en rendre compte.